Chant choral

Je pratique le chant choral depuis plus de vingt ans. Je présente ici une collection de pièces du répertoire du choeur "Les voix du Large" de Gaspé et d'autres pièces parmi mes préférées.


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  • Ubi Caritas – Ola Gjeilo (1978- )

    Le texte

    Ubi Caritas sont les deux premiers mots d’un texte liturgique accompagnant la cérémonie de lavement des pieds du Jeudi Saint.

    Le texte est traditionnellement attribué à Paulin d’Aquilée (né vers 735, mort en 802), homme d’Église, théologien et poète, patriarche d’Aquilée de 787 jusqu’à sa mort. Pourfendeur d’hérésies, conseiller de l’empereur Charlemagne, il consacra sa vie à défendre la foi.

    Paulin d'Aquilée
    Saint Paulin d’Aquilée, « lumière de la Chrétienté », considéré l’homme le plus érudit de son temps par ses contemporains. Il est fêté le 11 janvier.

    Cependant, il n’existe pas de certitude absolue quant à l’auteur de cette hymne. Les premières références apparaissent dans des manuscrits du Moyen Âge, et, bien que l’attribution à Paulin soit largement acceptée, certains chercheurs suggèrent que son origine pourrait être plus complexe et que des influences ultérieures ou des adaptations pourraient avoir joué un rôle. Le débat demeure ouvert.

    Le renouveau liturgique issu du Concile Vatican II recommande de revenir à une forme initiale « Ubi Caritas est vera, Deus ibi est » et de chanter cette hymne au cours de la procession de l’offertoire du Jeudi Saint. Cependant, on continue de chanter « Ubi caritas et amor … » à la fin de la cérémonie du lavement des pieds comme on le fait depuis le XIe siècle. Le peuple chrétien qui vient de contempler le Christ lavant les pieds de ses disciples, a compris son exemple et chante l’hymne de la réconciliation et de l’amour fraternel.

    Lavement des pieds
    Ubi caritas et amor, Deus ibi est.

    Congregavit nos in unum Christi amor.
    Exsultemus et in ipso iucundemur.
    Timeamus et amemus Deum vivum,
    Et ex corde diligamus nos sincero
    !

    Ubi caritas et amor, Deus ibi est.

    Simul ergo cum in unum congragamur;
    Ne nos mente dividamur, caveamus.
    Cessent jurgia maligna, cessent lites.
    Et in medio nostri sit Christus Deus.

    Ubi caritas et amor, Deus ibi est.

    Simul quoque cum beatis videamus,
    Glorianter vultum tuum, Christe Deus :
    Gaudium quod est immensum, atque probum,
    Saecula per infinita saeculorum. Amen.

    Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.

    L’amour du Christ nous a rassemblés et nous sommes un.
    Exultons et réjouissons-nous en lui.
    Craignons et aimons le Dieu vivant,
    Et aimons-nous les uns les autres d’un cœur sincère
    !

    Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.

    Tous réunis en une seule assemblée,
    Prenons garde à ce qui pourrait diviser nos esprits.
    Qu’on en finisse avec les mauvaises querelles et les procès.
    Qu’au milieu de nous soit présent le Christ notre Dieu !

    Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.

    En compagnie des Bienheureux, puissions-nous voir
    Ton visage dans la gloire, ô Christ notre Dieu !
    Et cette joie immense et claire,
    Fais-là nous goûter pour l’éternité. Amen !

    La mélodie

    La mélodie qui est traditionnellement chantée lors de l’office religieux est basée sur un des codes-mères du chant grégorien.

    Ubi Caritas chanté par les Moines de l’abbaye Notre-Dame de Timadeuc

    De nombreux musiciens ont composé sur les paroles du Ubi Caritas. Mentionnons Maurice Duruflé (1902-1986), Morten Lauridsen (1943-), Ola Gjeilo et une autre dizaine de nos compositeurs contemporains.

    Gjeilo a composé le Ubi Caritas en 1999. Il été influencé par l’œuvre a cappella de Duruflé et du chant traditionnel grégorien. Il y apporte cependant sa propre touche pour lui donner une nouvelle dimension. Ubi Caritas est tout simplement envoûtant, et l’utilisation par Gjeilo d’harmonies riches et de couleurs chorales est d’une grande efficacité.

    Ubi Caritas, est l’une des œuvres de Gjeilo les plus jouées et les plus appréciées à ce jour. Elle est dédiée à Lone Larsen, qui dirigeait le chœur suédois Voces Nordicae, lequel a donné la première américaine d’Ubi Caritas en 2007.

    Interprétation de Ubi Caritas par le choeur Voces Nordicae dirigé par Lone Larsen.

    Plus d’informations au sujet d’Ola Gjeilo dans l’article The Ground.

    Sources

    Wikipedia

    Site internet Ressources liturgiques de l’Association Sacrosantum Concilium

    Blogue d’Alex Burns – Classicalexburns

    Missel quotidien des fidèles du R.P. Feder.

  • L’Albatros – Charles Baudelaire (1821-1867), Patrick Le Mault (1948-)

    vol de l'albatros au soleil couchant

    La pièce musicale

    Avant d’être une chanson, l’Albatros est d’abord un poème de Charles Baudelaire, issu de la section Spleen et Idéal de la deuxième édition (1861) de son recueil Les fleurs du mal. La musique est de Patrick Le Mault, un directeur de chorales et compositeur français contemporain.

    Outre la composition pour choeur de Le Mault, l’Albatros a été mis en musique par Ernest Chausson (1879), Léo Ferré (1967) et Ana-Maria Bell (2009).

    Le poème de Baudelaire

    L’Albatros (Baudelaire, 1859)

    Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    À peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d’eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
    L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.

    Signature de Beaudelaire

    La génèse de ce poème remonte à 1841. Le jeune Baudelaire, alors âgé de 20 ans, a un comportement désinvolte qui déplaît à son beau-père, le chef de bataillon Jacques Aupick. Souhaitant que cela puisse corriger son inconduite, il le contraint à embarquer à bord d’un navire qui se dirige vers Calcutta. Contrairement à d’autres intellectuels de son époque qui entreprennent de tels voyages pour découvrir de nouveaux horizons, Charles Baudelaire détesta son expérience et ne s’intégra pas à l’équipage. À tel point qu’il quitta prématurément le navire lors d’une escale à l’Île Bourbon (maintenant La Réunion).

    Au cours du voyage, il eût l’occasion d’observer la pratique de la chasse à l’albatros, un des passe-temps favoris des marins au long cours. Ceux-ci considéraient l’albatros comme un oiseau malfaisant. Les différentes parties de l’oiseau servaient de matière première pour la confection de divers objets. Dans son poème, Baudelaire évoque le traitement que la société inflige au poète. Auto-représentation allégorique, l’oiseau capturé, ridiculisé et maltraité incarne l’artiste incompris et rejeté.

    Bien que figurant parmi les poêmes les plus connus de Baudelaire, certains critiques estiment que L’Albatros n’est pas représentatif du génie poétique baudelérien. On lui reproche de présenter trop explicitement la comparaison entre l’oiseau maltraité et le poète bafoué.

    L’auteur, le poète Charles Baudelaire

    Charles Beaudelaire
    Charles Beaudelaire alors âgé de 26 ans.
    Gastave Courbet, 1848. Musée Fabre, Montpellier

    Charles Pierre Baudelaire naît le 9 avril 1821 dans l’ancien XIème arrondissement de Paris. Sa mère, Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans. Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 en Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n’a que cinq ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de peinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n’aura jamais le total usufruit.

    Un an après la mort de son père, sa mère se remarie avec le militaire Jacques Aupick. C’est à l’adolescence que le futur poète s’opposera à ce beau-père interposé entre sa mère et lui. Peu fait pour comprendre la vive sensibilité de l’enfant, l’officier Aupick — devenu plus tard ambassadeur — incarne à ses yeux les entraves à tout ce qu’il aime : sa mère, la poésie, le rêve et, plus généralement, la vie sans contingences.

    Charles a un parcours scolaire ponctué par des changements d’établissements et des difficultés de toutes sortes. Il obtient malgré tout un premier prix de vers latins en classe de seconde (secondaire 5). Il termine le lycée et passe le baccalauréat en 1839.

    En juin 1841, sous l’ordre de son beau-père, il embarque sur le Paquebot des Mers du Sud, direction Calcutta. Il revient en France, à Bordeaux, en février 1842 sur un autre bateau, l’Alcide. Il fût profondément marqué par ce voyage qui éveilla chez lui le goût d’un exotisme qui imprègne toute son oeuvre.

    De retour à Paris, Charles s’éprend de Jeanne Duval, une jeune comédienne métisse de Saint-Domingue, avec laquelle il connaît les charmes et les amertumes de la passion. Cette liaison va durer près de vingt ans, malgré les trahisons et les mensonges de cette femme. Elle représente pour lui tout le côté satanique de l’amour.

    Jeanne Duval, la maîtresse de Baudelaire
    Jeanne Duval représentée sur ce tableau intitulé La Dame à l’éventail ou La Maîtresse de Baudelaire.
    Édouard Manet, 1862. Musée des Beaux-Arts de Budapest.

    En dandy, Baudelaire a des goûts de luxe. Ayant hérité de son père à sa majorité, il dilapide la moitié de cet héritage en 18 mois. Il est placé sous tutelle et touche alors des revenus limités, ce qui l’obligera à travailler. Cette situation infantilisante lui inflige une telle humiliation qu’il tente de se suicider.

    Il mène une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. En 1843, il découvre les « paradis artificiels » dans le grenier de l’appartement familial de son ami Louis Ménard, où il goûte à la confiture verte (le hachisch). Cette expérience le fascine mais engage chez lui une réflexion morale sur la création qui aboutit à une condamnation des drogues. Son usage de l’opium durera plus longtemps. Prescrit en 1847 pour combattre les maux de tête associés à la syphilis dont il est affecté. Croyant ainsi y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements, les tortures et la stérilité.

    Grâce au recueil Les fleurs du mal en 1857, Beaudelaire occupe une place prépondérante parmi les poètes français du milieu du XIXème siècle. Période charnière entre romantisme et modernité, il est au coeur des débats sur la fonction de la littérature de son époque. Cependant, il se voit reprocher son style d’écriture et le choix de ses sujets. Il n’est compris que par certains de ses pairs, dont Victor Hugo. Le Figaro critique sévérement son recueil :  » … la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L’odieux y côtoie l’ignoble ; le repoussant s’y allie à l’infect « .

    Il meurt à l’âge de 46 ans, à la suite d’une longue période d’aphasie et des suites de sa syphilis.

    Interprétation de la pièce L’Albatros par le choeur Scherzo de Macon. Direction Henriette Adler, 2019 .

    Sources

    Wikipedia

  • Messe brève – Léo Delibes (1836-1891)

    La pièce musicale

    La Messe brève est une oeuvre du compositeur français Léo Delibes. Originalement écrite pour deux voix d’enfants, elle a été arrangée en une version à trois voix mixtes par le musicien Pierre Calmelet.

    Intérieur de St-Jean - St-François à Paris
    Peinture de Giuseppe Canella (1788-1847) – Intérieur de l’église St-Jean – St-François à Paris. C’est alors qu’il était maître de chapelle que Léo Delibes aurait composé sa Messe brève. Sise au 13-15 rue du Perche dans le Marais, elle est aujourd’hui la Cathédrale Ste-Croix de Paris des Arméniens.

    La messe comporte les parties suivantes : Kyrie, Gloria, Sanctus, O Salutaris, Agnus Dei. L’ordinaire de la messe comporte généralement un Credo et un Benedictus, ils ont été remplacés ici par un O Salutaris.

    La Messe brève de Delibes est comparable aux compositions romantiques des contemporains de Delibes : Théophile Dubois, Charles Gounod, Gabriel Fauré et autres. Il s’agit d’un genre en vogue à l’époque romantique.

    Interprétation de la Messe brève de Delibes, début à 6 m. 20 s. environ.

    Le compositeur

    Léo Delibes
    Léo Delibes en 1875

    Clément Philibert Léo Delibes est né le 21 février 1836 à St-Germain-du-Val (La Flèche) dans la Sarthe, en France. Il est le fils d’un postier qui mourra prématurément. Sa mère, musicienne, est issue d’une famille de musiciens. Un oncle prendra le petit Léo sous son aile et lui donnera une éducation musicale. Il étudie au Conservatoire de Paris. Il devient accompagnateur au Théâtre-Lyrique puis compositeur d’opérettes et chef de chœur à l’Opéra de Paris. Il jouit d’une bonne réputation en tant que créateur d’opéras comiques à succès.

    Parallèlement à sa carrière de compositeur dans le monde du spectacle, il occupe le poste de Maître de chapelle à la Cathédrale St-Jean – St-François de 1862 à 1871, succédant directement à César Franck. C’est vers la fin de cette période qu’on suppose qu’il a composé sa Messe brève, une rare incursion dans le monde de la musique sacrée.

    Son oeuvre la plus connue est sans conteste l’opéra Lakmé et son Duo des fleurs.

    Duo des fleurs, extrait de l’opéra Lakmé de Léo Delibles. Les interprètes sont Sabine Devieilhe, soprano et Marianne Crébassa, alto.

    Sources

    Wikipedia
    Léo Delibes, Messe brève, Éditions de la Schola Cantorum et de la Procure générale de Musique, Neufchâtel, 2012

  • Noël à Jérusalem – Enrico Macias (1938- )

    Le texte

    Les paroles de la chanson Noël à Jérusalem ont été composées par Jacques Demarny (1925-2011) en 1968. Demarny est un auteur et parolier français prolifique. Il a composé des chansons pour de nombreux chanteurs populaires dont Tino Rossi, Georges Guétary, Gérard Lenorman, Daniel Guichard et Enrico Macias.

    Noël à Jérusalem

    1.Noël à Jérusalem, près d’un mur que l’on croyait perdu
    Un homme à genoux est là, il pleure à côté de moi
    Et lève les yeux en remerciant le ciel.

    2.Noël à Jérusalem, les pieds nus aux portes des mosquées
    Ils sont des milliers qui viennent pour y déposer leurs peines
    Le visage à terre jusqu’à la nuit tombée.

    3.Ces mains qui prient au même instant ici
    N’ont-elles pas la même ferveur ?
    Les hommes auraient-ils oublié aussi
    Que c’est Dieu qui fait battre leur cœur ?

    4.Noël à Jérusalem, c’est aussi l’enfant de Bethléem
    Et le pèlerin guidé par l’étoile du berger
    Cherche la maison de sa nativité.

    5.Noël à Jérusalem, c’est le monde au pied de l’éternel
    Qui vient implorer son nom et lui demander pardon
    De s’être égaré loin des chemins du ciel.

    6.Pourtant il suffirait de voir un jour s’élever dans une prière
    Le cœur de trois hommes éperdus d’amour
    Pour changer la face de la Terre.

    7.Noël à Jérusalem, près d’un mur que l’on a retrouvé
    Un homme à genoux m’a dit « tout est changé dans ma vie
    Car Jérusalem est de nouveau sur terre ».

    8.La première ville bénie à qui le Seigneur a dit
    « Je ferai ici mon plus merveilleux Noël, à Jérusalem ».

    Jacques Demarny, 1968

    Dans cette chanson, Enrico Macias évoque le fait que Jérusalem est une ville sainte des trois grandes religions monothéistes : le Christianisme, le Judaïsme et l’Islam.

    Les juifs sont les premiers à remarquer les atouts géographiques de ce lieu. Le roi David décide d’y fonder sa cité au Xe siècle av. J.-C. Son fils Salomon a pour mission d’élever le premier temple de pierre sur la plus haute colline, en l’honneur du Dieu d’Israël, Yahvé. Mouvementée par les conquêtes grecques puis romaines, la capitale juive s’est trouvée bientôt détruite à partir du Ier siècle av. J.-C. La population juive y est interdite. Elle garde toutefois en mémoire le souvenir d’une ville, berceau de la religion du roi David. Malgré l’absence du temple, les juifs jetés aux portes de la ville bénissent quotidiennement Jérusalem dans leurs prières.

    Du côté des chrétiens, la ville de Jérusalem apparaît à plusieurs reprises dans la Bible, notamment dans l’Évangile de Saint Jean. Jésus s’y rend pour la fête de la Pâque et y vit ses derniers jours sur terre, jusqu’à sa crucifixion et sa résurrection. C’est l’empereur chrétien, Constantin, qui le premier, a érigé les premiers lieux saints en souvenir des derniers jours du Christ. La ville devient alors au IVe siècle une ville de pèlerinage pour les chrétiens.

    Chez les musulmans, Jérusalem n’est mentionné qu’en troisième position dans la hiérarchie des villes saintes, après Médine et La Mecque. Avant de se tourner vers La Mecque pour prier, le prophète Mahomet dirigeait ses prières vers Jérusalem. C’est d’ailleurs de là que le prophète aurait effectué son « voyage nocturne » vers le ciel avant de revenir à La Mecque pour raconter cette expérience mystique. Pour les musulmans, Jérusalem représente l’aboutissement de leur spiritualité.

    Dans le premier paragraphe de la chanson, le mur que l’on croyait perdu évoquerait le « mur des Lamentations » que les juifs désignent plutôt par le « Mur occidental ». Il s’agit d’une partie du mur de soutènement de l’esplanade du Temple de Jérusalem, situé dans le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem. Après l’érection de la cité romaine d’Ælia Capitolina, conçue pour effacer le souvenir de Jérusalem, et l’exclusion des Juifs de celle-ci, ils sont autorisés contre paiement à se rendre un jour par an au pied du mur pour se lamenter sur la destruction de la ville. Considéré dans la tradition musulmane comme le lieu où Mahomet parque sa monture, il est intégré au VIIe siècle aux murs d’enceinte de l’esplanade des Mosquées lors de la construction du dôme du Rocher puis de la mosquée al-Aqsa. Il est, selon la tradition juive, redécouvert après avoir été enseveli sous un monceau d’ordures. Durant deux millénaires, les juifs ont pleuré devant ce mur la ruine du Temple, la perte de leur liberté et l’exil des enfants d’Israël.

    Dans le second paragraphe, on évoque le rassemblement des musulmans pour la prière aux portes du dôme du Rocher et de la mosquée al-Aqsa. Le dôme du Rocher a été construit pour couvrir le Rocher de la Fondation, soit le lieu même où, selon la mythologie musulmane, Mahomet s’est élevé vers le ciel sur sa monture lors de son voyage nocturne qu’il avait entrepris à la Mecque. Dans la tradition juive, ce rocher est le mont Moriah, le massif montagneux sur lequel, d’abord, Abraham monta avec son fils Isaac afin de l’offrir à Dieu en holocauste, puis sur lequel sont bâtis successivement les Temples de Jérusalem (le Temple de Salomon et le temple dit « d’Hérode »).

    Le troisième paragraphe évoque à mon sens la profonde absurdité de la haine entre ces deux peuples dont l’histoire, la religion et la mythologie gravitent autour des mêmes lieux, qui prient un dieu unique, avec la même ferveur. Ne sont-ils pas essentiellement … les mêmes ?

    Le quatrième paragraphe évoque la présence des chrétiens, sur les lieux saints, en route vers Bethléem, lieu de naissance de Jésus.

    Enfin, les quatre derniers paragraphes sont un appel à la paix des Hommes, toutes religions confondues.

    Le compositeur

    Enrico Macias, son nom véritable est Gaston Ghrenassia, est né en 1938 à Constantine en Algérie. Il est juif séfarade.
    Il apprend à jouer de la guitare en autodidacte à l’âge de 8 ans. Son père est violoniste dans l’orchestre de Cheik Raymond, considéré comme le plus grand interprète de la musique classique arabo-andalouse. Le jeune Gaston, talentueux, se joint à l’orchestre de Cheik Raymond dès l’âge de 15 ans. Puis, il s’initie à la chanson tout en devenant instituteur à l’éducation nationale.
    En août 1961, Cheik Raymond est assassiné par le FLN (mouvement indépendantiste algérien). Le jeune Gaston et sa famille doivent quitter l’Algérie à la hâte. Les juifs sont en danger car ils sont soupçonnés de soutenir le maintien du lien colonial avec la France.
    Installé en France avec sa famille, Gaston fait des apparitions à la télévision puis devient célèbre avec sa chanson Adieu mon pays qui devient le symbole de l’exil des Pieds-Noirs. C’est alors qu’il adopte le nom de Enrico Macias. Il chantera partout dans le monde et connaîtra la célébrité.

    Sources

  • The Lord bless you and keep you – John Rutter (1945- )

    Origine du texte

    Le texte de la pièce chorale The Lord bless you and keep you est tiré du Livre des Nombres de l’Ancien Testament, chapitre 6, versets 24-26. Il s’agit de la bénédiction sacerdotale ou bénédiction de Aaron.

    24. The Lord bless you and keep you;
    25. The Lord make his face to shine upon you, and be gracious unto you;
    26. The Lord lift up his countenance upon you, and give you peace; …

    – Texte anglais

    1. Que l’Éternel te bénisse, et qu’il te garde;
    2. Que l’Éternel fasse briller son visage sur toi, et qu’il t’accorde sa grâce;
    3. Que l’Éternel tourne son visage vers toi, et qu’il te donne la paix; …

    -Traduction en français

    La bénédiction s’adresse au peuple d’Israël et transmet à chacun, le doux sentiment de paix, de confiance et de repos en Dieu. Fruit de la grâce, cette paix exprime en hébreu l’idée du parfait bien-être. Rutter, qui a mis en musique cette bénédiction, y a ajouté un Amen polyphonique étendu.

    Rosace de l’Abbaye de Westminster à Londres

    Musique par John Rutter

    John Rutter a composé cette pièce en 1981 à l’occasion des funérailles d’Edward T. Chapman, le directeur du département de musique de la Highgate School, London, qui avait été son professeur lorsqu’il fréquentait cette école. Il souhaitait dire un adieu attachant à un ami précieux disparu. La pièce a été publiée la même année dans l’anthologie Oxford Easy Anthems éditée par David Willcoks aux Presses de l’Université Oxford.

    La composition originale de Rutter est pour chœur à quatre voix et orgue. Il a composé un arrangement pour soprano, alto et clavier, ainsi qu’une version pour chœur et orchestre.

    La pièce a également été interprétée lors des fêtes du 100ème anniversaire de naissance de la reine mère en 2000 et plus récemment, lors du mariage du Duc et de la Duchesse de Sussex (Harry et Meghan), en 2018.

    Dans ses notes accompagnant un enregistrement de cette pièce, Rutter décrit ainsi ses objectifs musicaux : « Je ne crois pas à l’idée d’ériger des barrières inutiles entre le compositeur et l’auditeur. Avoir le choix entre l’approbation critique et la chance de toucher le cœur des gens en dehors du cercle limité des amateurs de musique contemporaine, je sais laquelle je préfère. »

    John Rutter s’exprime au sujet de la pièce The Lord bless you and keep you

    Prestations par Les Voix du Large

    Octobre 2024 – La chorale Les Voix du Large chante Le Québec et l’Acadie à St-Maxime de Mont-Louis
    Juin 2024 – La chorale Les Voix du Large chante Le Québec et l’Acadie à Gaspé et à Grande-Vallée
    Juin 2023 – Concert à Val D’Espoir
    Avril 2023 – Concert « Salut Maurice » à Grande-Vallée
    Décembre 2022 – Concert « Salut Maurice » à Gaspé

    Sources

    Bible annotée : www.levangile.com
    Wikipedia.org

  • Sure On This Shining Night – Morten Lauridsen (1943- )

    Le texte

    Le texte de la pièce Sure On This Shining Night est issu du poème Description of Elysium du recueil Permit Me Voyage (1934) de James Agee.

    James Rufus Agee (1909 – 1955) est né à Knoxville au Tennessee. Écrivain, journaliste, poète, scénariste et critique de cinéma, il a travaillé au magazine Time et a été un des plus influents critiques de cinéma de son époque. Il a écrit le scénario de deux grands films américains des années 50, The African Queen et The Night of the Hunter. Ce n’est qu’à titre posthume qu’il a été véritablement reconnu comme poète et écrivain.

    Sure on this shining night
    Of star made shadows round,
    Kindness must watch for me
    This side the ground.
    The late year lies down the north.
    All is healed, all is health.
    High summer holds the earth.
    Hearts all whole.
    Sure on this shining night
    I weep for wonder wand’ring far alone
    Of shadows on the stars.

    James Agee – Extrait du poème Description of Elysium

    Morten Lauridsen

    Morten Johannes Lauridsen est né à Colmax dans l’état de Washington en 1943. Il a d’abord travaillé comme pompier et surveillant d’incendie de forêt dans une tour isolée près du Mont St. Helens avant d’entreprendre des études en composition musicale à la University of Southern California. Il y est professeur depuis 1967.

    Il s’est mérité de nombreux prix et distinctions. « Pour sa composition d’œuvres chorales rayonnantes, alliant beauté musicale, puissance et profondeur spirituelle, qui ont enthousiasmé le public du monde entier », il a reçu du Président George W. Busch en 2007, la médaille nationale des arts.

    Il utilise différentes approches musicales, passant de la représentation directe à l’abstraction en fonction des caractéristiques des textes qu’il met en musique. Pour les textes sacrés latins, tel son Lux Aeterna et ses motets, il puise des éléments du chant grégorien, de la musique médiévale et de la renaissance qu’il réunit dans un son bien contemporain, tandis que pour d’autres pièces, telles ses Madrigali et Cuatro Canciones, il y va d’un style hautement chromatique et atonal.

    Sure On This Shining Night est la dernière des trois pièces constituant ses Nocturnes. La première est une composition sur Sa Nuit d’Été, un poème de Rainer Maria Rilke et la seconde, sur Soneto de la Noche, un poème de Pablo Neruda. La première a été présentée par l’ensemble Donald Brinegar Singers, avec Morten Lauridsen au piano, lors de la Convention nationale de l’American Choral Directors Association à Los Angeles en février 2005.

    Morten Lauridsen s’exprime au sujet de Sure On This Shining Night
    Sure On This Shining Night – Morten Lauridsen, par le choeur Donald Brinegar Singers dirigé par Rayvon T. J. Moore

    Prestations par Les Voix du Large

    Mai 2023 – Concert à Val D’Espoir
    Avril 2023 – Concert « Salut Maurice » à Grande-Vallée
    Décembre 2022 – Concert « Salut Maurice » à Gaspé

    Sources
    Site internet du compositeur : mortenlauridsen.net
    Wikipedia

  • The Ground – Ola Gjeilo (1978-)

    Origine de la pièce

    The Ground est la conclusion de la messe intitulée Sunrise : Symphonic Mass for Choir and String Orchestra. Le texte provient de l’ordinaire de la messe chrétienne. Ses parties sont intitulées ainsi : Kyrie – The Spheres, Gloria – Sunrise, Credo – The City, Sanctus & Agnus Dei – Identity and The Ground.

    Il s’agit d’une commande effectuée par deux chœurs norvégiens en 2007. La première de cette œuvre a été présentée à Oslo en novembre 2008.

    Dans sa composition, Gjeilo organise les différents éléments en respectant le texte latin et la tradition liturgique avec lesquels nous sommes familiers. Cependant, il souhaite partager des valeurs universelles. Sa vision d’ensemble de Sunrise Mass se situe entre les titres des parties de l’œuvre qui ne sont que discrètement liés au sens du texte latin. En procédant ainsi, il met en lumière une structure qui transcende le texte latin, un parcours métaphysique du ciel vers la terre, ou encore, une métaphore du développement humain, de l’enfant à l’adulte.

    Gjeilo définit la dernière partie de sa pièce, The Ground, en termes de résolution, de libération et de soulagement après avoir traversé les tensions et noirceurs des parties précédentes. Après avoir navigué à travers les sphères célestes, vécu le lever du soleil, le tumulte de la cité et cherché son identité, The Ground est le lieu de la paix absolue où l’on se pose enfin, bien enraciné au sol, en toute sérénité.

    Extraits des quatre parties de Sunrise : Mass for Choir and String Orchestra par Majorstua et Nova Chamber Choirs accompagnés d’un orchestre à cordes de 24 musiciens dirigé par Tore Erik Mohn lors de la première présentée à Oslo, le 2 novembre 2008.
    Interprétation de la pièce The Ground par le CWU Chamber Choir (Central Washington University) et le Kairos Quartet. Au piano, Ola Gjeilo et à la direction, Gary Weidenaar

    Ola Gjeilo

    Ola Gjeilo est un compositeur néo-classique né en Norvège en 1978. Il a déménagé aux États-Unis en 2001 pour étudier la composition musicale à Juilliard School à New-York. Il vit maintenant à Laguna Beach en Californie. Il est, également, un excellent pianiste.

    Pour en apprendre davantage au sujet de ce compositeur et de son parcours artistique

    Gjeilo se considère comme un compositeur symphonique en cela qu’il cherche un son d’orchestre séduisant et large, même si les ensembles orchestraux sont petits. Selon lui, une conséquence est que dans sa musique chorale, ultimement, le son est plus important que le texte.

    Au premier abord, sa musique nous apparaît agréable à l’oreille : simple, sans détour, évoquant de belles émotions. Puis, à la seconde ou troisième écoute, la complexité et les multiples dimensions de son écriture se déploient.

    Sources
    Site officiel du compositeur : olagjeilo.com
    About Ola Gleilo’s Sunrise : Symphonic Mass for Choir and String Orchestra, by Kira Zeeman Rugen.

  • Dormi Jesu – John Rutter (1945-)

    Origine du texte

    Les paroles en latin et une traduction en anglais de la berceuse Dormi Jesu ont été publiées en Angleterre en 1817 par le poète, philosophe et théologien Samuel Taylor Coleridge. Ce texte est aussi connu sous le titre The Virgin’s Cradle Hymn.

    Le texte latin figure au bas d’une gravure de l’artiste flamand Hieronymus Wierix (1553-1616). Coleridge en aurait consulté un imprimé lors d’un voyage en Allemagne en 1799. Il publie d’abord ce texte latin accompagné d’une traduction anglaise dans The Courrier en 1811 et suggère que ce poème soit chanté sur la musique du célèbre hymne sicilien Adeste Fideles laeti triumphantes. Plus tard, en 1817, il publie le poème de nouveau dans son recueil Sibylline Leaves.

    « La Vierge cousant pendant que deux anges bercent son enfant pour l’endormir » (traduction libre), une gravure de Hieronymus Wierix faisant partie de la collection Jesu Christi Dei Domini Salvatoris nostra Infantia.
    Paroles originales et traduction anglaise

    Musique par John Rutter

    Au delà de la suggestion de Coleridge, cette courte berceuse en latin est à la source de nombreuses pièces chorales et de lieder sous le nom de Dormi Jesu ou The Virgin’s Cradle Hymn. Signalons celles de Ralph Vaughan Williams (1894 ) et Anton Webern (1924). Quant à John Rutter, il l’a mise en musique pour choeur en 1999 à l’invitation de Stephen Cleobury, directeur du département de musique au King’s College, Cambridge à l’occasion du King’s College Festival of Nine Lessons and Carols.

    Le Dormi Jesu de Rutter est associé aux chants de Noël traditionnels anglais, les Christmas Carols. Au Québec, la mélodie est peu connue. On ne l’associe pas spontanément à un chant de Noël.

    Les harmonies de la finale sont extraordinaires. Elles procurent à cette berceuse un caractère fort singulier.

    John Rutter

    John Rutter est né à Londres en 1945. Il est compositeur et chef d’orchestre.

    Il a étudié à la Highgate School de Londres où il a fréquenté John Tavener (1944-2013), un compositeur de musique pour chœurs également. Il a poursuivi ses études au Clare College, Cambridge où il deviendra membre du chœur, puis chef du chœur, et, de 1975 à 1979, directeur musical.

    En 1981, il fonde et dirige son propre chœur, le Cambridge Singers, principalement pour interpréter et enregistrer sur disque ses compositions. Il dirige de nombreux autres chœurs et orchestres à travers le monde.

    Il écrit principalement de la musique sacrée pour chœurs et des chants de Noël, des Christmas Carols. Mais pas seulement. Selon lui, il n’est pas nécessaire d’être particulièrement religieux, ou de chercher à promouvoir la foi religieuse de quelque manière que ce soit pour composer de la musique religieuse de qualité. Toutefois, il demeure profondément empreint de la spiritualité et des traditions entourant la fête de Noël.

    Dans cette entrevue, John Rutter nous explique sa vision du chant choral, une activité humaine, grandiose et porteuse de sens

    Sources
    wikipedia.org
    johnrutter.com